Tournai: plusieurs institutions de l’horeca à remettre: "on cherche quelqu'un pour poursuivre l'activité"
Avez-vous l’âme d’un indépendant, êtes-vous prêt à vous lancer dans l’aventure de l’horeca ? Nous avons recensé une petite dizaine de cafés et restaurants tournaisiens à remettre. Sans exhaustivité, voici quelques noms, et pas des moindres : Au Soleil, l’Ancienne Poste, L’Arche de Noé, le Pietro, la Mignonnette, Fritagogo, Les Pèlerins (au Mont Saint-Aubert), etc.
- Publié le 15-04-2024 à 10h01
Deux établissements sont à remettre sur la Grand-Place. La sandwicherie “La Douce Heure” (85 m2) d'abord pour laquelle le fonds de commerce demandé est de 28 500€. Le rez-de-chaussée commercial offre une capacité d’accueil de 24 personnes assises et une terrasse de 30 m² pouvant accueillir 32 personnes assises.
Du même côté de la Grand-Place, face au sud, un autre établissement est à céder (39.000€) : “Au Soleil” en activité depuis plus de trente ans. Le café (75 m2) peut accueillir 60 personnes en intérieur et 100 personnes en terrasse.
Au Mont-Saint-Aubert, un lieu bien connu va changer de main : Les Pèlerins. A quelques mètres de la partie sommitale du Mont qui a connu de très importants travaux de revitalisation, rue Géo Libbrecht, le restaurant dispose d'une terrasse ensoleillée (pour 90 personnes) de laquelle les clients ont une belle vue sur Tournai et ses environs. Prix demandé pour le fonds de commerce : 215.000€.
"Nous cherchons juste quelqu'un pour poursuivre l'activité"
Autre fonds de commerce à remettre : celui de “L’Ancienne Poste” en activité depuis près de vingt ans le long du boulevard des Déportés près de la gare de Tournai. Prix demandé : 325.000€. L’établissement peut accueillir 110 couverts.
Dans le quartier de la gare toujours, à l’angle du boulevard des Nerviens et du parc Crombez, le KS Fast Food existe depuis quelques années déjà. Le fonds de commerce (140.000€) comprend l`ensemble de la surface (157 m2 avec 45 places assises) et tout le matériel horeca.
”Le restaurant ne ferme pas, nous cherchons juste quelqu’un pour poursuivre l’activité.” C’est ce que le restaurant “L’Arche de Noé”, en activité depuis vingt ans, a écrit sur sa page Facebook pour faire taire des rumeurs survenues lors de l’annonce de la vente. Le fond de commerce (clientèle, mobilier, matériel) est à vendre pour 75.000 euros. Situé rue des Campeaux, l’établissement de 130 m²mètres carrés peut accueillir 40 couverts. Il est possible aussi de rajouter une quinzaine de couverts à la place du coin salon. “Le commerce est disponible de suite, un accompagnement est possible”.
Pietro Zingarelli aspire à prendre une retraite bien méritée. Né au début des années 80 au boulevard des Nerviens, le restaurant italien “Chez Pietro” avait migré vers l’ancien cinéma Multiscope Palace, rue de l’Hôpital Notre-Dame, le temps d’un bail de 18 ans. Le retour aux sources de l’enseigne date de 2013. Le prix indicatif de la cession du commerce (sous forme de cession de parts) est fixé à 200.000€. L’établissement permet d'aménager 58 places assises en intérieur et 50 en terrasse.
Une autre institution tournaisienne est aussi à remettre, depuis pas mal de temps, pour cause de départ à la retraite : la friterie Fritagogo, établie rue du Bourdon Saint-Jacques. Prix indicatif de la remise du fonds de commerce : 425.000 euros (faire offre). L’établissement entièrement équipé offre une superficie de 170m² permettant d’accueillir près de 95 places assises. “Le commerce restera ouvert jusqu’à la reprise et les propriétaires actuels proposent d’accompagner les repreneurs pendant une période de transition”.
Renommée (notamment) pour ses casserolles de moules, la Mignonette est aussi à remettre depuis quelques semaines. Ce restaurant situé au boulevard du Roi Albert doit son nom à la collection de petites bouteilles de Robert Delvigne (il en possède plusieurs milliers, dont une partie exposées dans l'établissement) qui a ouvert l'établissement il y a une trentaine d'années. Voici 10 ans environ, son frère Michel avait repris l'affaire mais la maladie ne lui permet plus de poursuivre l'activité. "En attendant que quelqu'un reprenne ce restaurant qui représente beaucoup pour nous, je continue à le faire fonctionner avec une bonne équipe", explique Robert Delvigne.
Plus difficile aujourd'hui de remettre un commerce
Est-ce une nouvelle tendance de voir autant de commerce à remettre en même temps ? Non. Ça a toujours existé même s’il peut arriver qu’une génération de commerçants décide de quitter le métier plus ou moins en même temps. Ce qui évolue, c’est la société, le comportement de la clientèle, le contexte économique, nous dit Michel Van Neste (agence Primmo). “J’ai dix-huit ans de métier. Je constate qu’avant on remettait plus facilement un fonds de commerce grâce au financement d’une banque qui se basait sur les chiffres comptables des trois dernières années. C’est beaucoup plus difficile aujourd’hui. Les banques veulent de très solides garanties”.
Christopher Depauw (Immo Léco) fait le même constat. “Il y a toujours des candidats à la reprise d’un commerce, de surcroît quand c’est une enseigne bien connue et appréciée. Mais les banques rechignent à vous faire confiance pour investir dans un fonds de commerce, à moins de disposer d’importants apports personnels”. M. Depauw constate aussi que beaucoup de candidats acquéreurs ne sont pas trop au courant des aides financières qu’ils peuvent obtenir, ni des informations correctes qui peuvent les aider dans leur projet. “Il existe des organismes comme Wapinvest, ou la CCIWapi, où des personnes, parfois des entrepreneurs qui ont réussi, peuvent donner de bons conseils, aider à constituer un dossier. Il existe des possibilités de garantir une partie des emprunts. Mais beaucoup de gens ne sont pas au courant de tout ça. C’est dommage. Je trouve que les communes et les gestions de centre-ville devraient donner davantage d’infos”.
De la patience, et la nécessité parfois de revoir ses prétentions à la baisse
Les agents immobiliers remarquent de façon générale qu’il convient d'être extrêmement patient aujourd'hui pour céder un commerce. “Il faut beaucoup réfléchir à la question. Un fonds de commerce doit encore valoir de l’argent sans le patron d'avant la reprise. J’ai connu de bonnes transitions, comme quand le Point G à Mouscron a poursuivi son activité sans bousculer le concept de base. Mais il faut se poser les bonnes questions : beaucoup de clients vont-ils essentiellement dans le bistrot pour voir le patron ? Le concept est-il toujours dans l’air du temps ?, etc.”, témoigne Christopher Depauw (Immo Léco).
Des patrons qui n'ont pas encore tout à fait atteint l’âge de la retraite décident malgré tout de remettre leur commerce alors que les affaires sont toujours très florissantes. “Il y a parfois du découragement face à un tas de démarches administratives et comptables à réaliser après déjà beaucoup d’heures de travail passées au restaurant, et face à la difficulté de trouver du personnel et/ou au manque de sérieux de certains employés”, dit Christophe Depauw.
Michel Van Neste abonde : “Certains commerçants doivent être extrêmement patients, il leur faut parfois revoir leurs prétentions à la baisse, avant de revendre leur affaire. Et il y a un risque d’être fort déçus voire frustrés à la fin d’une belle carrière à la tête d’une maison renommée. La conjoncture a changé, et pas seulement pour l’horeca. J’ai connu un salon de coiffure qui est parti à 25.000 euros ; aujourd’hui, le commerçant serait content s’il en obtenait 2.500 euros. Sur papier, un fonds de commerce peut bien valoir 200.000 euros mais combien de banques sont prêtes à prêter cette somme rien que pour permettre au repreneur de travailler ?”
”Dans beaucoup de restaurants, on vient pour celui qui cuisine. Le reste c’est du vent. Aux yeux d’un repreneur, ou d’une banque, il doit pouvoir y avoir une récurrence dans l’activité, il faut aussi que la clientèle suive pour le produit et pas uniquement pour le commerçant”, dit Michel Van Neste. “Ce qui est évident pour certains commerces l’est moins pour l’horeca, à moins de se trouver à un endroit où la récurrence est quasi-certaine, à proximité d’écoles pour une friterie ou une sandwicherie, dans un lieu touristique pour un restaurant…”